Si “l’essentiel se fait au vignoble”, selon Robert Barrot, le travail en cave est également déterminant. Car avec le plus beau et le plus sain de tous les raisins, il n’est pas garanti d’obtenir le meilleur des vins si tout n’a pas été mis en œuvre pour en maintenir sa qualité. Voici les principales étapes à la vigne par lesquelles nous passons pour pouvoir vous présenter le meilleur de notre terroir.

Entre Novembre et Mars : la taille

Selon la légende, c’est l’âne de St Martin, qui, de sa mâchoire gourmande, inventa la taille, alors qu’il était attaché au bout d’un rang de vignes de l’Abbaye de Marmoutier (à côté de Tours). Lors des vendanges, les moines de l’abbaye constatant la quantité et la qualité des raisins portés par les vignes ainsi broutées, décidèrent de généraliser la pratique à tout le vignoble.

Aujourd’hui, toutes les vignes d’appellation sont taillées et l’impact qualitatif de cette technique n’est plus à démontrer. En effet, la vigne à l’état sauvage est une liane qui s’étend considérablement et ne produit que de petites grappes peu sucrées et acides. En maîtrisant cette folle croissance, on canalise la vigueur de la plante, sur ce qui nous intéresse avant tout : ses raisins. Sur le domaine, nous privilégions les tailles courtes. Une des principales attentions est de tenir compte de la pousse de la vigne par rapport au vent dominant : le Mistral.

Entre Mars et Avril : l’attachage des baguettes

L’hiver s’étire, la sève commence à monter, il est temps d’attacher les baguettes laissées à la taille au fil de fer porteur (le fil inférieur des palissages). L’opération est périlleuse car on risque de la casser en la courbant pour l’amener le long du fil de fer.

C’est une opération longue car entièrement manuelle. Il faut veiller à l’effectuer avant que les bourgeons ne poussent pour éviter d’en casser en attachant la baguette au fil. Cette opération permet d’avoir les bourgeons taillés à la même hauteur.

Les tiges qui donneront la nouvelle récolte partiront ainsi du même niveau facilitant une meilleure maturité, un meilleur équilibre des raisins et une qualité sanitaire optimale.

Entre Mars et Avril : la complantation

L’objectif de la complantation est l’entretien du vignoble pour respecter la densité requise de l’appellation et garder un âge moyen élevé, garant de qualité. Elle s’obtient par le remplacement des pieds morts ou les moins vaillants par un nouveau plant sans arrachage total de la parcelle.

C’est une intervention délicate car les pieds de vigne déjà en place entrent en concurrence avec le nouveau plant. L’arrosage immédiat, renouvelé par la suite est une étape indispensable pour la reprise de ce plant.

Ce jeune plant nécessite un entretien soigné pendant plus de 3 ans avant de donner ses premières grappes.

Entre Mars et Juin : le débourgeonnage

Après la taille et le débourrement, nous voici au moment du débourgeonnage. Celui-ci ne peut être fait, que lorsque les risques de gel sont éliminés. Consécutif de la taille, le débourgeonnage est en effet, un petit inventaire des bourgeons laissés à la taille et des pousses intempestives qui nous feraient dépasser les rendements autorisés par nos décrets d’appellation.

Le but est d’éliminer aussi tous les sarments qui pourraient pousser notamment au centre de la souche limitant l’aération des raisins, ce qui pourrait être propice au développement de maladies dues à la condensation.

Une nouvelle fois, lors de cette opération, il faut être attentif au vent dominant afin de ne pas trop fragiliser les rameaux.

Toute l’année : le travail du sol

Clef de voûte du travail de la vigne. Il est pratiqué pour limiter la prolifération des mauvaises herbes (les adventices), préserver la richesse du sol en limitant l’érosion, canaliser la vigne pour lui permettre de puiser ses ressources plus profondément et en alternative à l’usage de certains pesticides.

Nous attachons une attention tout à fait particulière au travail du sol ce qui se traduit par au minimum un passage de tracteur par mois de février à fin juillet. Un bon labour vaut un arrosage.

Le désherbage de Mars et le traitement entre Mai et Juillet

Pour que nos vins expriment la personnalité de leur terroir et dans un souci de préservation de notre environnement, nous pratiquons des désherbages et des traitements raisonnés. Chaque année, nous les limitons par philosophie personnelle et en fonction des contraintes imposées par le millésime.

Depuis 2000, grâce à une pratique biologique appelée confusion, nous n’employons plus d’insecticide sur le domaine.

“Le travail de la vigne accompli, il faut se rappeler qu’un beau raisin, résultat d’un soin tout particulier est certes, la première des conditions incontournable pour espérer obtenir un bon vin, mais pas que ! En effet, si le même soin n’est pas apporté au travail en cave, si le savoir-faire dans la chaine du métier n’est pas respecté, le jugement de la cour suprême des papilles sera sans recours !”